CfP: Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée et au-delà (XVIème-XXIème siècle)
Venue du fond des
âges, plus que toute autre maladie contagieuse peut-être, la syphilis
(associée aux autres pathologies vénériennes) incarne les tensions d’un
monde qui se mondialise à partir du XVIe siècle avec une phase d’accélération au XIXe
siècle. Si l’on suit Alain Corbin dans la description qu’il donne de
« l’image composite du péril vénérien, spectre inédit, dont les traits
originaux […] ne s’effaceront pas avant les années médianes du XXe
siècle », alors s’impose à notre étude une épidémie lente dont Peter
Baldwin saisit la dynamique entre « prostitution et promiscuité » et met
en lumière les « velléités de régulation » qui tentent de se superposer
aux dynamiques de circulations. Le colloque souhaite donc conjuguer une
pluralité de contexte (colonial, métropolitain …) et une perspective de
temps long avec l’expérience contemporaine d’une épidémie de syphilis
qui connaît une recrudescence.
Avec près de 500 cas
diagnostiqués en 2015 en France, la syphilis n’a pas cessé de faire
parler d’elle. En constante progression après des décennies de sommeil -
faisant suite à la généralisation du traitement par antibiotique - le
tréponème pâle ressort de sa boite et profite du relâchement observé
dans les pratiques de prévention des MST/IST. A l’échelle locale, la
maladie peut même prendre un caractère épidémique (à Brive-la-Gaillarde
où 44 cas ont été diagnostiqués pour la seule année 2015). La situation
sanitaire actuelle n’est cependant en rien comparable à celle du milieu
du XIXème siècle. Ni même à celle de 1922, lorsque, comme le rapporte
Virginie De Luca, « la commission de prophylaxie des maladies
vénériennes estim[ait] son coût à 140 000 vies » (mortinatalité,
avortements pathologiques, décès d’enfants ou d’adulte) et à 1 adulte
sur 10 la prévalence de la maladie. Cependant le défi proposé par le
« mal de Naples » à la société et à ses médecins demeure. Par sa nature
même la syphilis effraye et fascine. Maladie honteuse contractée dans
l’intimité de l’alcôve (comme le HIV), elle interpelle nos sociétés
depuis maintenant plusieurs siècles, notamment sur leurs mœurs, sur
leurs capacités d’innovation médicale et thérapeutique, tout autant que
sur leurs dispositions à mettre en œuvre une politique de santé publique
ou à assumer une police sanitaire efficiente. Si ces interrogations
sont anciennes, elles demeurent fortement ancrées dans notre rapport à
la maladie et aux représentations de ces corps puissamment meurtris au
stade tertiaire de son évolution.
Venue
du fond des âges, plus que toute autre maladie contagieuse peut-être, la
syphilis (associée aux autres pathologies vénériennes) incarne les
tensions d’un monde qui se « mondialise » à partir du XVIème siècle avec
une phase d’accélération au XIXème siècle. Si l’on suit Alain Corbin
dans la description qu’il donne de « l’image composite du péril vénérien,
spectre inédit, dont les traits originaux […] ne s’effaceront pas avant
les années médianes du XXème siècle », alors s’impose à notre étude une
épidémie lente dont Peter Baldwin saisit la dynamique entre
« prostitution et promiscuité » et met en lumière les « velléités de
régulation » qui tentent de se superposer aux dynamiques de
circulations. Sous la tutelle de ces deux références d’historiens,
l’idée centrale de ce colloque est de proposer une convergence des
réflexions entre historiens, anthropologues et médecins en concentrant
notre attention sur le « choc » de la rencontre entre le tréponème pâle
et les sociétés à l’échelle municipale, et en particulier dans les
villes portuaires. Ce colloque souhaite se placer dans le cadre d’une
réflexion globale sur Villes, sociétés urbaines et syphilis en Méditerranée (XVIème-XXIème siècle) sans
toutefois exclure les propositions dépassant ce strict cadre
géographique. Le colloque souhaite donc conjuguer une pluralité de
contexte (colonial, métropolitain, occidental, oriental …) et une
perspective de temps long avec l’expérience contemporaine d’une épidémie
de syphilis qui connaît une recrudescence.
Le
choix épistémologique du colloque est de proposer des regards et des
approches croisées. Des analyses conjointes d’archives historiques et
biologiques montrent le besoin de modèles de diffusion et d’expression
de la syphilis à l’échelle d’une ville, d’un port marchand ou militaire.
Les trop rares référentiels paléopathologiques et archéothanatologiques
des périodes modernes et contemporaines, notamment pour les rivages
méditerranéens, ne permettent ni d’appréhender ni d’étayer le contexte
sociologique et anthropologique entourant les malades et les morts de la
« petite vérole ». Il semble que le débat paléopathologique et
historique des origines de la syphilis est resté, durablement et
logiquement, une interrogation centrale. Bien au-delà et en deçà de la
question de origine, les contributions devront proposer des lectures
extensives du rapport entre syphilis et sociétés portuaires. Ce colloque
présente donc la singularité de souhaiter faire dialoguer des
disciplines diverses (médecine, épidémiologie et santé publique,
histoire, géographie, anthropologie funéraire et sociale, sociologie,
droit) autour d’un même objet de recherche et d’une même échelle
d’étude.
Le
colloque s’articulera donc autour de 3 sessions visant à documenter et
renseigner une dimension de l’atteinte à l’échelle d’une ville / d’un
port méditerranéen. Bien entendu dans le souci de comparer les modèles
de diffusion autant que les sources, les communications concernant
d’autres aires géographiques sont bienvenues dès lors que demeure
l’échelle municipale/locale ou le cadre portuaire (civil ou militaire)
ou s’il s’agit d’un espace fermé de type enclaves ou isolats
(géographique, culturel ou social).
Le
colloque s’ouvrira par les communications concernant les enjeux médicaux
très contemporains (Session 1 Villes, sociétés urbaines et syphilis en
Méditerranée : données médicales actuelles). Ces interventions pourront
être axées sur les enjeux liés au diagnostic, à l’épidémiologie de la
syphilis, aux modalités de prévention et à la mise en œuvre de
politiques de santé publique ou encore sur les solutions thérapeutiques
disponibles. Viendra ensuite le moment des mises en perspective
diachroniques (Session 2 Villes, sociétés urbaines et syphilis en
Méditerranée : contexte historique et inférences médico-historiques).
Dans un dernier temps, la dimension anthropologique s’ajoutera à la
réflexion (Session 3 Villes, sociétés urbaines et syphilis en
Méditerranée : approche anthropologique). Au-delà des contextes
paléopathologiques et archéothanatologiques, cette session finale
tâchera d’aborder l’évolution des constructions sociales ou encore le
champ des représentations de la maladie.
Inscription
Les frais de participation au colloque seront de l’ordre de 60 euros pour les statutaires et de 25 euros pour les étudiants
De plus la participation au dîner du colloque (26 octobre 2017) sera de l’ordre de 30 euros
Modalités d’envoi des propositions
Les propositions d’intervention doivent être rédigées en français ou en anglais (les deux langues du colloque)
Le
résumé (maximum 1000 mots) rappelant clairement l’objectif de la
proposition éventuellement ses méthodes, l’échantillon d’analyse et les
résultats discutés à défaut de conclusion. Le résumé doit également
mentionner :
- Le type de communication (orale ou bien affichée). En effet, Pour les sessions 1 et 3 il est également possible de proposer des communications affichées pour des « case report » ou des informations ponctuelles
- La session concernée
- 3 à 5 mots clés
- Le titre
- Les auteurs avec appartenances institutionnelles
- L’émail et l’adresse de l’intervenant
Les
propositions doivent être soumis (texte format word ou équivalent) par
email à l’adresse suivante : syphilis.marenostrum@gmail.com
avant le 25 avril 2017
Comité d’organisation
- Benoît Pouget (IEP d’Aix-en-Provence/CHERPA/ADèS)
- Yann Ardagna (UMR 7268 Adès)
- Michel Signoli (UMR 7268 Adès)
- Laetitia Delouis (Chargé de Communication faculté médecine Marseille)
Email de contact : syphilis.marenostrum@gmail.com
Comité scientifique
- Yann Ardagna (UMR 7268 Adès)
- Philippe Berbis (AMU/ UMR 7268 Adès)
- Philippe Biaggini (UMR 7268 Adès)
- Philippe Bourmaud (Lyon III/LAHRAT)
- Patrick Bourreille (Service Historique de la Défense)
- Walter Bruyère-Ostells (IEP d’Aix-en-Provence/CHERPA)
- Dominique Chevé (UMR 7268 Adès)
- Guillemette Crouzet (Univ. Genève)
- Michel Drancourt (IHU Méditerranée Infection)
- Nicolas Dupin (APHP)
- Yannick Jaffré (CNRS/UMI Environnement, Santé, Société)
- Pierre Le Coz (UMR 7268 Adès, EEM)
- Patrick Louvier (Montpellier III/ CRISES)
- Jean Jacques Morand (HIA Sainte Anne – Toulon)
- Benoît Pouget (IEP d’Aix-en-Provence/CHERPA/ UMR 7268 Adès)
- Isabelle Renaudet (AMU/TELEMME)
- Lisa Rosner (Stockton University – New Jersey)
- Michel Signoli (UMR 7268 Adès)
- Salvatore Speziale (Université de Messine)
- Thomas Vaisset (Service Historique de la Défense)