CfA: Des airs, des eaux, des lieux au XXIe siècle Enseigner les humanités médicales à l’ère de l’Anthropocène
ARGUMENTAIRE
Le Collège des humanités médicales a été créé en 2008 pour rassembler les enseignants de sciences humaines et sociales qui interviennent dans les formations médicales. Ces enseignements sont le plus souvent réalisés par des spécialistes d’anthropologie, géographie, histoire, philosophie, science politique ou encore sociologie. Les regards sont donc multiples, tout comme les missions qui leurs sont confiées depuis 1992 : formation des futurs médecins (initialement en premier cycle, puis plus récemment en second cycle) puis d’autres professionnels du soin avec le regroupement de nombreuses formations au sein d’UFR de santé.
Les conditions de travail, enfin, varient fortement, avec des départements reconnus sur certains sites et des collègues plus isolés sur d’autres, ou avec différentes injonctions en termes de volumes horaires ou de tournants numériques.
Si ces sujets invitent à réinterroger les missions des enseignants en humanités médicales, ils dépassent leur cas et permettent de penser plus généralement le futur de la santé.
La présence grandissante des outils numériques dans l’enseignement est à l’image de leur présence dans le quotidien des soignants et, au-delà, d’une vision de la santé conditionnée par une culture productiviste : le monde des big data est bien celui de l’Anthropocène.
La sociologie des techniques incite à penser que les innovations ne sont pas seulement des outils à disposition des humains mais qu’elles modifient en profondeur leurs regards. Qu’est-ce que les outils numériques, les visioconférences, MOOCS ou autres capsules vidéo font aux relations entre enseignants et étudiants ou soignants et patients ? S’agit-il seulement d’une nouvelle corde ajoutée à l’arc pédagogique de nos disciplines, au sein d’universités déjà rythmées par l’alternance entre des TD obligatoires en petits comités et des cours magistraux considérés de fait comme optionnels ? Ou bien observons-nous un virage, une transformation qui, passant par le truchement d’un format d’enseignement prétendument individualisé, participe à homogénéiser les cours dispensés ? Qu’est-ce que cette nouvelle hybridation de l’humain produit ?
Au-delà des enjeux mis ainsi en lumière par l’expansion du numérique, ce nouveau congrès nous semble l’occasion de réfléchir au travail. Cette notion même est souvent invisibilisée dans l’enseignement supérieur ou la santé – deux espaces idéal-typiques pour l’exercice des professionnels qui se reconnaissent peu dans le statut de travailleur. Pourtant, le travail, dans sa variabilité, interroge la façon de proposer aux étudiants en santé les apports des humanités : regards critiques, réflexions éthiques, remises en contextes historiques et politiques. Quelles sont les contraintes et les opportunités pour améliorer le statut des humanités, et de ses travailleurs, dans les formations en santé ? Celles-ci préparent des jeunes gens à enfiler la blouse, c’est-à-dire à faire tenir ensemble savoir technique biomédical et compréhension de l’humain. Comment les humanités médicales envisagent-elles ce travail des acteurs de la santé ? Quelles divisions du travail, quelle place pour le patient, quelle réflexivité sur la science, les recommandations de bonnes pratiques ou les choix des modes d’exercice et de rémunération ? Ou encore, comment envisager le travail soignant concret à l’ère de l’anthropocène et d’un nécessaire élargissement du regard (dont témoignent les préoccupations actuelles dites One Health ou encore de « santé planétaire ») ?
Après une première période des humanités médicales dédiée à leur apparition dans les formations médicales et une seconde période ayant permis leur implantation tout au long de la formation (deuxième et troisième année, service sanitaire, sixième année), quel avenir pouvons-nous entrevoir pour les sciences humaines et sociales en santé ? Une transformation contemporaine, sans doute à prendre en compte, est l’amoindrissement des frontières entre métiers de la santé. Cela se traduit parfois institutionnellement par des UFR santé communes aux différentes formations. Les humanités médicales peuvent se trouver alors différemment considérées et enseignées. Quels sont les premiers constats en la matière ? Comment proposer à la fois des apports communs et prendre en compte les spécificités des métiers du soin et leur place dans la division du travail, tout en étant prompt à suivre, si ce n’est encourager, les nouveaux modes de collaboration entre professionnels ?
À partir de ces questionnements, les communications seront distribuées selon trois thématiques indicatives :
- L’hybride : il s’agira d’interroger l’hybridation dans la pédagogie, dans la santé et, plus largement, les rapports entre humain et technique.
- Le travail : les apports pourront concerner le travail pédagogique (contenus, participation des étudiants, appropriation des outils, expérimentations au sein du service sanitaire, etc.) et/ou le travail de soignant et ses tensions contemporaines.
- L’avenir : des réflexions en matière de trajectoire du système de santé (entendu comme espace social entre patients et travailleurs du soin), de l’université ou de l’universitarisation des métiers paramédicaux, ou encore de la médecine à l’ère de l’anthropocène sont ici particulièrement attendues.
CALENDRIER
- Soumission des propositions : jusqu'au 1er mars 2024
- Notification d’acceptations : 15 mars 2024
- Ouverture des inscriptions : 1er avril 2024
- Clôture des inscriptions : 9 juin 2024
- Congrès du Colhum : 13-14 juin 2024
MODALITÉS DE CANDIDATURE
Les propositions de communications sont attendues pour le 1er février 2024 (durée des communications : 20 min + 10 min de discussion).
Le formulaire disponible sur la page Nouveau dépôt vous invitera à renseigner votre nom et prénom, votre affiliation, le titre de votre communication et un court résumé (250 mots maximum) ainsi qu'une courte biographie (50-100 mots) dans l'espace « Commentaire ».
Les contributions de toutes les disciplines sont les bienvenues et les jeunes chercheur·se·s, en particulier, sont encouragé·e·s à soumettre des propositions.
DROITS D'INSCRIPTION
- 50€ : inscription sans régime particulier
- 10€ : étudiant·e·s hors Université de Montpellier et Université Paul Valéry
- 0€ : étudiant·e·s des Université de Montpellier et Université Paul Valéry et demandeur·se·s d’emploi
Pour une exonération exceptionnelle, merci de prendre contact avec l'organisation du congrès.
Le module d'inscription et de paiement en ligne sera ouvert du 01/04/2024 au 09/06/2024.
L'inscription donne accès aux pauses-cafés, au déjeuner et à la soirée festive du 13 juin.
LIEU
Faculté de médecine, 2 Rue de l'École de Médecine, 34090 Montpellier
INFORMATION ET CONTACTS
Pour contacter l'équipe organisatrice : colhum2024@sciencesconf.org
ÉQUIPE ORGANISATRICE
Guilhem Birouste, Vincent Bittoun, Éléonore Canet, Élodie Couren, Félix Jourdan, Solène Lellinger, Gilles Moutot, Jérémy Rollin, Laurent Visier.
Guilhem Birouste est médecin généraliste et docteur en science politique. Il participe aux activités d’enseignement et de recherche du département de sciences humaines et sociales de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes. Sa thèse questionne la prise en compte des inégalités sociales de santé dans le travail des médecins généralistes. Il coordonne le diplôme universitaire « Santé solidarité précarité » en collaboration avec Médecins du monde.
Vincent Bittoun est interne de santé publique et doctorant en science politique. Il participe au dispositif montpelliérain du service sanitaire auprès des étudiant·e·s en médecine. Sa thèse porte sur les zones de faible émission (ZFE) comme instrument de politique de santé.
Éléonore Canet est interne en médecine spécialisée en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Elle effectue un stage d’internat de santé publique et médecine sociale, où elle est également inscrite au master 2 recherche « Soin humanités société ». Elle participe aux travaux de recherche de l’équipe pédagogique de SHS relatifs au service sanitaire des étudiant·e·s de médecine auprès de populations minorisées. Sa thèse de médecine explore la notion de burnout parental et ses relations d'influence réciproque avec les troubles du comportement d’enfants et d’adolescents.
Élodie Couren est sage-femme libérale et doctorante en science politique. Elle travaille sur les droits à la santé des femmes incarcérées en étudiant les moyens de subsistance des détenues. Elle porte notamment son attention sur la maternité comme source d’émancipation.
Félix Jourdan est docteur en sociologie et attaché temporaire d’enseignement et de recherche à la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes. Il participe aux enseignements en sciences humaines et sociales des différentes formations en santé, ainsi qu’à l’accompagnement des étudiants en médecine dans la réalisation de leur service sanitaire. Chercheur associé à l’UMR Innovation et développement dans l’agriculture et l’alimentation (INRAE, Cirad, SupAgro), il travaille en parallèle sur l’évolution des normes, pratiques et représentations autour de la mort animale, avec une spécialisation sur les questions d’abattage (« rituel » et « conventionnel ») et de protection animale en milieu industriel, dans le prolongement de sa thèse de doctorat.
Solène Lellinger est maîtresse de conférences à la faculté de santé de l’Université Paris Cité et vice-présidente du Colhum. Elle participe à la coordination et aux enseignements de sciences humaines et sociales en médecine à différents niveaux de la formation (de la PASS/LAS à l’externat). Par ailleurs, elle enseigne la sociologie et l’histoire de la santé dans le master « Histoire et philosophie des sciences » (HPS) de l’Université de Paris au sein duquel elle est co-responsable du parcours professionnel en master 2. Ses recherches concernent principalement la socio-histoire des agents thérapeutiques et leur interaction avec les acteurs du système de santé.
Gilles Moutot est maître de conférences en philosophie au département de sciences humaines et sociales de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes et membre du bureau du Colhum. Au croisement de la théorie critique de la société et de l’épistémologie historique des sciences de la vie et de la médecine, ses recherches actuelles portent sur les difficultés conceptuelles et les tensions normatives à l’œuvre dans les élaborations, variablement formalisées et institutionnalisées, de notions telles que, notamment, celles d’exposome, de One Health ou encore de santé planétaire.
Jérémy Rollin est enseignant-chercheur contractuel à la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes. Il enseigne les sciences humaines et sociales auprès de différentes formations en santé (médecine, orthophonie, kinésithérapie notamment) et participe à la coordination du service sanitaire des étudiants en médecine. En thèse, ses recherches ont porté sur la kinésithérapie au prisme de la sociologie des professions. Après une recherche post-doctorale sur l’interdisciplinarité entre sciences du vivant et SHS, il travaille actuellement sur le déploiement du service sanitaire.
Laurent Visier est professeur de sociologie. Il dirige le département de sciences humaines et sociales de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes. Ses recherches actuelles sont consacrées aux manières dont les sociétés contemporaines organisent les questions d’alimentation entre normes sanitaires, normes environnementales et considérations sociales.